De temps en temps, quand le standing des autos s’est amélioré, le dimanche, nous découvrions les environs. On pique-niquait sur quelque col : Aspin, Tourmalet, Peyresourde… ou au bord d’un de nos ruisseaux pyrénéens.

Il nous arrivait de faire une excursion sur un sommet, le brave Cheze, voyageur et ami de Papa, nous accompagnait au pied de la montagne et venait nous rechercher le soir sur l’autre versant du Pic du Gard, par exemple.

Maman se trouvait si bien à Casteljoli qu’elle n'en serait jamais sortie, mais Papa au contraire, prenait un grand plaisir à bien nous faire connaître la région.

Il ne partait jamais en vacances, alors qu’il a été l’un des premiers patrons à les accorder à son personnel. Ces journées en montagne étaient sa meilleure détente. Nous en profitions ravis, avec oncle Armand, quand il était en France.

Avec lui, sa famille et le "boy", nous avons fait un beau voyage à Paris à l’occasion de l’exposition coloniale. J’en ai gardé un merveilleux souvenir, l’ambiance était chaleureuse.

Nous découvrions Paris et l’exposition nous révélait un monde nouveau. Les temples d’Angkor sont restés gravés en ma mémoire. Plus tard, quand je les ai vus au Cambodge, j’ai presque été déçu. Le temps idéalise parfois et l’extrême chaleur qui y régnait, m’enlevait la possibilité de juger sereinement.

L'exposition coloniale au bois de Vincennes en 1931

  Le " boy" faisait partie de nos découvertes. On n’avait pas, comme maintenant, coutume de voir des étrangers, à part des Espagnols ; il nous intriguait beaucoup, quand nous étions invités à Martres-Tolosane, sa cuisine très différente de la nôtre nous plaisait bien.

Pour concrétiser et perpétuer le souvenir de ce beau voyage, mes parents m’ont offert un magnifique service de table brodé "main" et une bague, considérée par moi, un peu comme un talisman.

Le Chinois avait insisté pour que je choisisse cette pierre de lune, porte-bonheur de la jeune fille disait-il.

Heureuse prédiction ! je l’ai quittée le jour de mes fiançailles. Pouvais-je avoir meilleur mari ? Depuis, ma bague orne le doigt de bien des jeunes filles de ma famille, en commençant par ma sœur, et finissant par mes petites-filles.

 

De l’Atlantique, jusqu’alors nous ne connaissions que la Côte Basque, pour y avoir passé quelques vacances à Biarritz avec Maman. Le plaisir des joies de l’Océan se doublait de celui d’avoir Germaine avec nous.

Germaine, "Maine", comme nous l’appelions souvent, était un peu notre petite sœur. Nous étions près d’elle, plus que de sa maman. Treize ans séparaient Lili de Marthou, contre cinq avec sa fille.

Marthou entraînait Maine dans des jeux turbulents, qui la dépassaient un peu, docile au début, au bout d’un moment quand tout allait mal, elle venait se faire consoler par moi. J’étais surtout bonne pour cela, car les larmes séchées, elle repartait jouer avec Marthou, dédaignant mes jeux de fille, ceci à mon grand dépit, je l’avoue. Cela ne m’empêchait pas de l’aimer, ainsi que son petit frère Robert, ils faisaient partie de notre univers.

 

Biarritz  le rocher de la Vierge

la plage du vieux port

 

Paul Lestrade, Simone, Germaine, Louise, Robert au ski à Superbagnères.

Nous voyions très peu de monde à Montréjeau à part nos fournisseurs, en raison de la nature de maman plus heureuse chez nous que partout ailleurs. Casteljoli étant son paradis et la maison étant un peu excentrée.

Nos rencontres avec d’autres se faisaient à la messe, le dimanche et aux fêtes paroissiales auxquelles nous participions. Papa faisait partie de l’orchestre ou il jouait de la flûte, Henri et Tantinette étaient les piliers de la chorale.
 

Accueil][ Le départ de Casteljoli][ Mes jeux d'enfant][ Jardinage et animaux][ La lessive][ Les études][ Le dimanche…][ Les courses à Toulouse][ Automobiles et voyages][ Jours de Fêtes][ L'album de photos]