L’autre grand évènement de l’année était « la lessive ».

Bien sûr, on lavait chaque semaine le petit linge, et même quelques serviettes et torchons, mais les grandes pièces, draps et nappes, en particulier, étaient lavées deux fois par an, ce qui explique les trousseaux de plusieurs douzaines de draps.

Elle avait lieu à la fin de l’hiver et au début de l’automne.

 Le lavoir

 

Le lavoir à côté du billard était constitué de deux bassins, à gauche duquel se trouvait une grande cheminée avec un immense trépied.

 

La personne qu’on louait pour la circonstance, lavait d’abord le linge avec du bon savon de Marseille, le rinçait, le resavonnait et le plaçait dans une grande cuve en bois, les pièces les plus importantes en premier. Quand la cuve était à peu près pleine, on recouvrait le linge d’un grand torchon, sur lequel on mettait une bonne couche de cendre bien tamisée, et quelques feuilles de laurier.

 

Quand l’eau bouillait dans le grand chaudron de fonte posé sur le trépied, on versait cette eau à l’aide d’une casserole dans la cuve, au fond de laquelle se trouvait un robinet pour évacuer le liquide, on le recueillait, il réchauffait dans le chaudron et on le versait une deuxième fois sur le linge.

 

J’ai encore en moi cette bonne odeur de linge propre. Il restait ainsi jusqu’au lendemain, où on le rinçait avant de l’étendre dans la grande prairie. Maman avait fait installer un immense étendoir d’un bout de prairie à l’autre.

 

Pour le linge de chaque semaine, le travail était simplifié. Après avoir chauffé l’eau dans le chaudron, on le mettait dans la cuve, une planche posée sur un pied permettait d’y savonner le linge à l’eau tiède, un batteur en bois servait à frapper le linge pour mieux le nettoyer, en particulier le linge un peu sale. On avait intérêt à ne pas l’utiliser quand il y avait des boutons. J’ai entendu souvent maman se plaindre et faire des recommandations pour éviter de couper les boutons.

La lessiveuse

Quel progrès à l’arrivée de la première lessiveuse en fer galvanisé !! Plus de grandes lessives, mais une ou deux par semaine, dans des conditions beaucoup plus simples : le linge lavé, rincé et resavonné était mis dans la lessiveuse avec de l’eau et une poignée de cristaux, et bien vite les premières lessives apparurent telle que "Persil".

 

On le laissait bouillir un certain temps. L’eau en bouillant montait par le tuyau central pour retomber en pluie sur le linge. Une fois refroidi on le rinçait au lavoir, partagé en deux grands bassins, pour le premier et le deuxième rinçage.

Tout ceci était le travail de Léontine.

 

Marthou et moi avions notre petite lessiveuse pour le linge de nos poupées, exactement la même que celle de la famille, nous la faisions bouillir sur notre cuisinière en fonte émaillée blanche identique à celle de maman, une merveille ! Simplement, nos poupées étaient des filles propres. Notre lessive se faisait plus rarement, d’autant qu’elle nous prenait pas mal de temps, surtout pour allumer la cuisinière dont on étouffait souvent le tirage en la bourrant trop de papier, malgré les conseils de Léontine. Ce qui était un rude travail pour elle, était un jeu pour nous.

 

Quand plus tard sont arrivées les machines à laver le linge, quel heureux changement ! Un peu comme la corvée des parquets.

Casteljoli s’enorgueillit d’une véritable marqueterie au salon, les autres plus simples sont tout de même fort jolis, tous demandant un sérieux entretien.

 

La paille de fer passée avec le pied enlevait le plus gros des taches, le reste se faisait à l’aide d’une brosse maneuvrée avec le pied, ou certaines ayant un manche tenues à la main comme un balai, elle était lestée d’une lourde semelle en fonte. L’une et l’autre étant très fatigantes.

 

La cireuse électrique, comme la machine à laver le linge, a contribué à améliorer la vie, surtout celle de notre personnel.

 

La cireuse électrique

 La bonne avait une rude vie, avec pour seul moment de liberté totale l’après midi des dimanches et jours de fête.A la maison, c’était un peu la vie de famille, les patrons travaillaient autant que le personnel, on se partageait la tâche dans la bonne entente et la bonne humeur.

 

Maman faisait elle même sa cire. Elle achetait des pins de cire chez un apiculteur, faisait chauffer le fer en fonte du repassage, et fondait la cire contre sa paroi brûlante, au dessus d’un récipient contenant l’essence de térébenthine et surtout loin du feu.

 

Sur bien des points, l’ingéniosité de l’homme a bien amélioré la vie. Malheureusement, pour l’instant, il n’est pas arrivé à bien gérer cette nouvelle vie, et les problèmes qu’elle entraîne tels que le chômage.

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